Depuis que le club a été repris, la nouvelle direction de Saint-Étienne a de grands projets pour le club du Forez, comme l'a annoncé le nouveau président Ivan Gazidis dès le début de son arrivée au club : 

"C’est un honneur et une grande responsabilité de prendre aujourd’hui la tête d’un club à l’histoire et au palmarès aussi prestigieux. Je remercie Roland Romeyer et Bernard Caïazzo pour leur engagement sans faille au service du club pendant plus de vingt ans. Nous voulons construire sur ce qui fait la force de l’ASSE depuis toujours : son histoire, ses valeurs et l’engagement exceptionnel de ses fans dans la région et partout en France. Huss, Jaeson et moi-même avons hâte de rencontrer les fans et nous consacrerons, dès demain, à construire la prochaine saison du club. Allez les Verts !"

Cet été, l'équipe de recrutement composée de Huss Fahmy, Loic Perrin et Jaeson Rosenfeld a choisi de faire venir des joueurs prometteurs mais peu chers. Cette semaine, un nouveau joueur a été annoncé alors que l'équipe de football de Saint-Étienne se prépare à jouer contre son grand rival dimanche soir, juste avant la période de transfert. En effet, comme rapporté par nos confrères du Républicains Sportifs, l’ASSE suivrait le milieu offensif anglais Yan Dhanda. Que vaut le joueur de l'équipe de Hearts en Ecosse ? Quelles sont les qualités du binational indien surnommé «The Little Magician» lors de son passage à Ross County ? Voici quelques éclaircissements. 

« Mon football, ma fierté asiatique »

Yan Dhanda nait à Tipton, à l’Ouest de l’Angleterre, d’une mère anglaise et d’un père dont les parents viennent de la région de Punjab en Inde. Après des débuts dans sa ville, il est rapidement repéré par l’académie de West Bromwich, puis celle de Liverpool, où il connaît ses premières sélections avec les catégories jeunes anglaises. Durant toute son enfance et son adolescence, il est la cible d’insultes racistes anti-asiatiques, qui forgent beaucoup son caractère et sa détermination. En manque d’opportunités à Liverpool, où il paie aussi son physique très frêle et peu adapté à la Premier League, il rejoint Swansea en 2018, à vingt ans.

Le petit magicien porte un nouveau chapeau. 

Malgré un but pour son premier match en professionnel, Yan Dhanda se retrouve rapidement relégué sur le banc dans son nouveau club, barré par des tauliers du football brittanique comme Barrie McKay, Nathan Dyer ou Kyle Naughton. À force de travail, et malgré de nouvelles attaques racistes subies, Yan finit par s’installer dans la rotation, sans vraiment trouver de stabilité. Et après une saison 2020-2021 où Swansea rate la montée dans le sprint final, puis une saison 2021-2022 presque sans aucun temps de jeu, l’ancien espoir rejoint le championnat écossais. Et à Ross County, il casse tout. 16 g/a en 37 matchs en 2022-2023, puis 14 la saison suivante, où il obtient même le brassard de capitaine. Libre cet été, il s’engage du côté de Hearts, un club d’un plus haut standing. Yan Dhanda dispute même la Conference League, où il marque d’ailleurs le but de la victoire pour son premier match, au bout du temps additionnel, face au Dynamo Minsk. Mëme s’il n’a pas eu le début de carrière escompté, le petit milieu offensif a su relancer sa carrière.

Bien qu’encore frêle, il a su étoffer son physique pour s’imposer en Ecosse. Le joueur polyvalent, capable de jouer dans l’axe ou sur une aile, a beaucoup de qualités techniques. C’est avant tout un très bon centreur, avec une excellente lecture de la profondeur. La plupart de ses passes décisives en Ecosse étaient des centres depuis le demi-espace droit ou gauche, sur la tête des attaquants. Certains semblant venir de nulle part, d’où son surnom du «Little Magician». Il était ainsi en 2023-24 un des joueurs avec le plus d’expected assists par match du championnat Ecossais, en jouant dans une des plus petites équipes. Cette qualité se retrouve aussi sur les coups de pied arrêtés, qu’il maîtrise bien. Il est aussi capable de marquer des coup-francs directs, même s’il n’excelle pas pour autant dans ce domaine.

Passes fulgurantes MAIS problèmes défensifs.

Dhanda est aussi un bon dribbleur, capable de faire progresser le jeu balle au pied. Il tente beaucoup, ne réussit par forcément tout, mais essaie d’apporter du dynamisme, et peut tenir un rôle de vrai meneur de jeu. On pourrait, dans le système de Dall’Oglio, l’imaginer au poste de huit, en concurrence avec Bouchouari, puisqu’il offre un profil différent, amenant une percussion par la passe. Il pourrait aussi évoluer en faux-ailier, idéalement à droite, en doublure de Boakye, même s’il est beaucoup moins percutant et explosif. Néanmoins, si ces qualités sont évidentes, ses défauts ne peuvent pas être ignorés.

Son irrégularité tout d’abord. Si l’on excepte son passage à Ross County, Yan Dhanda n’a jamais su se faire une place dans un onze sur le long terme. À l’image d’un Cafaro, ses eclairs de génie font parfois oublier qu’il est est capable de passer totalement à travers de certains matchs.

Cette saison à Hearts est d’ailleurs très compliquée. La concurrence est forte, et les supporters ne sont pas vraiment convaincus de ses entrées. D’autant qu’il participe trop peu au travail défensif, et ne récupère presque jamais de ballons. Et dans un club qui joue le maintien un Ligue 1, le travail défensif est primordial.

L’idée d’aller chercher Yan Dhanda n’est pas mauvaise sur le papier. Néanmoins, plusieurs éléments rédhibitoires semblent indiquer que ce recrutement n’est pas une bonne idée. C’est un profil très élégant mais aussi très frustrant ; un genre de pari qu’on tente quand on joue le milieu de tableau, pas le maintien. Il faudra aussi surveiller le prix qu’en demande Hearts. Il est estimé à 1 million d’euros par Transfermarkt, ce qui est cohérent. L’acheter plus cher, en revanche, serait clairement le surpayer. Affaire à suivre.

✍🏻 Killian Besson