ASSE : Mekhloufi, l’idole des légendes.

Publié le 16 novembre 2024 à 19:15

« Lorsque je suis arrivé à Saint-Étienne, j’ai vu ce petit bonhomme qui faisait tout ce que j’avais envie de faire avec un ballon […] » « Modestement, j’ai essayé de faire comme lui, mais je ne lui suis pas arrivé à la cheville. » C’est ce que déclarait Jean-Michel Larqué, légende vivante des Verts, à propos de Rachid Mekhloufi quelques heures après le décès de ce dernier.

Une vie de football …

Né le 12 août 1936 à Sétif en Algérie (alors région française), il se passionne très vite pour le football. En 1952, âgé de 16 ans seulement, il effectue ses débuts dans le club de sa ville USM Sétif. C’est deux ans plus tard que son histoire commence avec le plus grand club de France. En 1954, il est repéré par Jean Snella et intègre l’effectif de l’ASSE pour la saison 1954-1955. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle est réussie. À 18 ans, l’Algérien dispute 22 matchs avec les Verts pour un total de 13 buts, des statistiques qu’il a l’occasion de dépasser non seulement l’année suivante, mais encore celle d’après en inscrivant 26 buts en 35 matchs. À Saint-Étienne jusqu’en 1958, il fait le bonheur des supporters et des joueurs.

Mais par ce qu’il n’y pas que le foot …

Longue pause dans la carrière de l’attaquant algérien, celui qui obtient 4 capes avec le maillot bleu de l’équipe de France décide d’interrompre sa carrière en club. Il rejoint le Front de Libération Nationale au printemps 1958 avec quelques autres joueurs du championnat de France. Au sein de l’équipe du FLN en Algérie, il tente de promouvoir la paix tout en réclamant l’indépendance algérienne, sujet sensible en France au tournant des années 1950-1960. Entre 1958 et 1962, avec le FLN, il dispute 40 matchs, pour des stats impressionnantes de 43 buts inscrits. Le 18 mars 1962, les accords d’Évian viennent mettre fin à la guerre franco-algérienne et permettent la création d’un État indépendant algérien. Néanmoins, le retour en France n’est pas imaginable dans l’immédiat pour Rachid Mekhloufi. Il décide alors de rejoindre Jean Snella à Genève en Suisse, dans le club du Servette. Une équipe avec laquelle il ne disputera que quelques matchs puisque Snella est nommé entraîneur de Sainté dès la saison suivante. Le coach né en Allemagne prend dans ses bagages sa grande expérience et son joueur vedette, le Chouchou de Geoffroy Guichard qui retrouve dès lors son jardin.

Un vert de sang et de cœur.

De retour à Saint-Étienne, Mekhloufi retrouve sa couleur fétiche, le vert, le vert du drapeau indépendantiste algérien et le vert de Saint-Étienne. Il passera encore 6 ans dans le Forez où il alterne bien et très bien, dépassant presque constamment les 10 buts par saison. Il est aujourd’hui encore le deuxième meilleur buteur de l’histoire du club, glanant un total de près de 150 buts en 10 ans dans la capitale du football français. Il termine son histoire avec Saint-Étienne par un doublé en finale de Coupe de France avant de rejoindre la Corse et Bastia où il effectue deux saisons plus qu’honorables en tant qu’entraîneur-joueur. Pendant ce temps, il a eu le temps de marquer l’équipe d’Algérie de son empreinte en participant à 11 matchs avec les Fennecs. Vainqueur de 4 championnats avec Saint-Étienne, une coupe de France avec la même équipe et quelques autres titres dans le Forez. Il est aussi champion de Suisse avec le Servette et champion du monde militaire avec la France. Il prend sa retraite en 1970 avec une armoire à trophées bien remplie et surtout l’image d’un joueur au-dessus du lot et toujours propre, comme en témoigne cette statistique de 0 cartons sur l’ensemble de sa carrière.

Une retraite active.

Retraité des terrains en 1970, Mekhloufi quitte son poste d’entraîneur de Bastia et devient sélectionneur de son équipe nationale. D’abord de 1970 à 1971 puis de 1975 à 1979, il permet à l’équipe d’entrer dans le paysage du football mondial. Il remporte les Jeux africains en 1978 et les Jeux méditerranéens en 1975, il qualifie également l’Algérie à la Coupe du monde. Mekhloufi fut ensuite entraîneur en Tunisie et au Liban. Mais sa retraite ne se résume pas uniquement à entraîner, puisqu’il est aussi rapidement président de la Fédération algérienne de football et le co- créateur d’un projet de développement des écoles de football dans son pays natal. En 2013-2014, nous avons eu la chance de le revoir dans le Forez lorsqu’il est nommé ambassadeur à vie du club et contribue à la création du musée des Verts. Élu meilleur joueur du championnat de France à trois reprises, il est considéré par le magazine SoFoot comme le 25e meilleur joueur de l’histoire de la Ligue 1.

Légende du sport et héros de son pays, Rachid Mekhloufi, « le petit bonhomme » d'un mètre soixante-huit, aura fait lever les foules pendant de nombreuses années. Le « mentor » de Larqué s’éteint le 8 novembre 2024 à l’âge de 88 ans, mais le prodige algérien restera dans l’histoire de l’AS Saint-Étienne à jamais.


Arno Debrouwere

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