
Malgré l’arrêté préfectoral, les supporters stéphanois et lensois se retrouvent à Bollaert-Delelis. / Crédit : Adrien Duchatel
plus qu’un match, une histoire de peuple
L’AS Saint-Étienne et le RC Lens ne sont pas de simples adversaires de Ligue 1 ou de Ligue 2. Ce sont deux institutions du football français, deux clubs à l’histoire populaire, deux symboles d’un football enraciné dans des territoires marqués par la classe ouvrière et la solidarité. Saint-Étienne et Lens, c’est d’abord l’histoire de deux villes fières, portées par leurs habitants et leurs mines. Des villes où le stade n’est pas seulement un lieu de spectacle, mais un véritable sanctuaire. Les ressemblances sont nombreuses : une ambiance familiale, une ferveur sans faille, une culture tribunes qui fait vibrer même les spectateurs les plus neutres. À Geoffroy-Guichard comme à Bollaert-Delelis, le football ne se regarde pas : il se vit, il se chante, il se crie. Ces deux clubs sont souvent décrits comme les plus "anglais" de France, tant leur rapport au public, à la ville et à la culture du foot est fort. Le stade est le cœur battant de la cité, et chaque match est un moment de communion.
quand la passion dépasse la rivalité
À chaque confrontation entre l’ASSE et Lens, que ce soit à Sainté ou dans le Nord, les tribunes offrent un spectacle à part. Le 28 janvier 2007, un tifo marquant est resté dans les mémoires. Les supporters lensois avaient déployé une banderole poétique et puissante : « Aux villages des irréductibles supporters de L1, notre temple et votre Chaudron = la passion magique. » Un message simple, mais chargé de respect et d’émotion, qui illustrait à merveille l’estime mutuelle entre les deux peuples supporters. Plus récemment, le 19 octobre 2024, une scène forte a marqué les esprits : les fans stéphanois et lensois réunis devant le stade, entonnant ensemble « Les Corons », ce chant si symbolique du Nord, devenu aussi un hymne pour les amoureux du football populaire. Ce genre d’image est rare dans le football moderne, souvent gangrené par les tensions et les rivalités exacerbées. Ici, c’était la fraternité et le respect qui dominaient. Cette proximité ne s’arrête pas aux tribunes. Elle se reflète aussi sur le terrain, à travers les nombreux joueurs qui ont défendu les deux maillots au fil des années. On peut citer Alaeddine Yahia, Julien Sablé ou encore Kévin Monnet-Paquet, qui ont tous évolué sous les couleurs des deux clubs. Leur passage dans ces deux institutions témoigne de la filiation entre Saint-Étienne et Lens, deux clubs où les valeurs de combativité, d’humilité et d’attachement au maillot restent primordiales.
En résumé, l’ASSE et le RC Lens partagent bien plus qu’un simple statut de clubs historiques : ce sont deux bastions d’un football populaire, sincère et vibrant. Deux clubs qui ne trichent pas, où la passion se transmet de génération en génération, où le mot « supporter » prend tout son sens. Quand ils se rencontrent, ce n’est pas juste un match de foot : c’est une célébration de ce que le football a de plus beau.
Hugo Varnier
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