Football féminin : la D1 Arkema perd son diffuseur !

Publié le 28 juillet 2025 à 10:16

FFF TV s’arrête : un coup dur pour la visibilité du football féminin en France


C’est une décision qui va susciter l'inquiétude dans les prochaines semaines. À partir du 1er août 2025, la plateforme FFFtv diffuseur d’une partie de l’Arkema Première Ligue, du National cessera toute activité. L’annonce, révélée par nos confrères de L'Équipe, confirme l’arrêt de la diffusion de plusieurs compétitions fédérales, notamment le futsal, le Championnat National... et surtout la D1 Arkema, vitrine du football féminin français.

la visibilité du football féminin sacrifiée ?

Lancée il y a cinq ans pour accompagner la promotion du sport féminin et amateur, FFFtv ne sera finalement pas allée au bout de sa promesse. Si l’objectif initial était d'offrir une visibilité aux compétitions peu couvertes, la Fédération Française de Football évoque aujourd’hui des coûts d’exploitation jugés trop élevés au regard des audiences générées.

Malgré quelques pics d’intérêt, notamment autour de l’équipe de France ou des affiches comme PSG-OL, la fréquentation moyenne restait jugée insuffisante pour justifier la pérennité de l’outil. Une partie des matchs restera disponible sur YouTube, mais la couverture systématique de la D1 Arkema ne sera plus assurée par la plateforme fédérale.

le public répond enfin présent, mais jusqu’à quand ?

Pourtant, la D1 Arkema connaît une dynamique plutôt positive. À la mi-saison 2024-2025, plus de 409 000 spectateurs cumulés avaient été recensés sur l’ensemble des diffusions (FFFtv, Canal+ Sport, etc.), soit une hausse de 48 % par rapport à l’an dernier. La moyenne se situait autour de 9 300 spectateurs par match. Des chiffres encore modestes, mais en croissance continue.

À titre de comparaison, le record d’audience du football féminin français reste le PSG – OL de la saison 2018-2019, avec 462 000 téléspectateurs. Depuis, l’engouement n’a cessé d’évoluer, notamment grâce aux grandes compétitions internationales. Mais cette dynamique peine à se transformer en soutien structurel à long terme.

la D1 Arkema progresse, mais reste loin du modèle anglais

La France accuse un net retard en matière de visibilité du football féminin. En Espagne, la Liga F a dépassé les 6,7 millions de téléspectateurs cumulés la saison dernière (+90 % sur un an). En Allemagne, la Frauen-Bundesliga affiche une moyenne de 150 000 spectateurs par match, soit un total annuel de près de 5 millions, diffusés sur des chaînes accessibles à tous.

En Angleterre, la Women’s Super League bénéficie de la puissance de la BBC et de Sky Sports, assurant des diffusions régulières, des résumés complets, et des analyses dans les émissions phares du paysage audiovisuel britannique. Résultat : la WSL attire plus de 10 millions de téléspectateurs par an.

en France, un produit sans vitrine

Ce désengagement de FFFtv s’inscrit dans un contexte national fragile, où la médiatisation du football féminin reste embryonnaire. En dehors de Canal+, qui propose une partie des rencontres, peu de chaînes généralistes s’y intéressent. Les clubs, souvent seuls dans la promotion de leur section féminine, peinent à fédérer au-delà des cercles militants.

Même parmi les passionnés de ballon rond, les matchs féminins souffrent d’un manque d’ancrage culturel, d’une absence de relais médiatiques forts, et de plages horaires peu adaptées. Comme le soulignait récemment la consultante Candice Prévost sur Europe 1, « le football féminin ne pourra progresser que si on le considère comme un produit de spectacle à part entière, et pas comme un supplément d’âme ou une obligation institutionnelle. »

Le sport féminin brille aux JO, mais la D1 Arkema s’éteint en silence

À l’heure où les JO de Paris 2024 ont ravivé l’intérêt pour le sport féminin en France, ce recul de la diffusion sonne comme une alerte. Sans stratégie médiatique ambitieuse, sans relais solides, la D1 Arkema risque de stagner, voire de régresser en visibilité. Et ce, malgré des talents grandissants, des projets solides dans plusieurs clubs  dont l’ASSE et un public qui commence à répondre présent.

Plus que jamais, la question de la diffusion des compétitions féminines devra s’imposer dans les débats à la rentrée. 


Louis Romeira 

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