
Larry Tanenbaum actionnaire de l'AS Saint-Etienne.
Depuis la reprise du club par le groupe KSV, l’ASSE cherche à retrouver une certaine stabilité, qu’elle soit sportive ou financière.
Une dynamique nouvelle, contrastant ainsi avec les années précédentes, marquées par de nombreuses limites. Dernière illustration : une augmentation de capital par le groupe, marquant ainsi une décision financière majeure pour l’ASSE. Souvent perçue comme technique, elle mérite alors d’être expliquée, au vu de son importance pour l’avenir du club. Début d’un redressement durable ou seulement une manœuvre ponctuelle pour amortir une chute ?
Décryptage d’un geste capital et stratégique, qui rassure sur les ambitions de KSV.
Une augmentation de capital, c’est quoi ? Le cas concret de l’ASSE expliqué
Une augmentation de capital, c’est tout simplement quand une entreprise, ou ici un club de football, décide de l’apport de nouvelles ressources financières. Cela se fait généralement par les actionnaires ou les dirigeants, en échange de parts supplémentaires ou d’autres avantages afin de renforcer leur pouvoir de décision.
Dit plus simplement, c’est comme si on mettait de l’argent frais dans la tirelire du club pour qu’il puisse mieux fonctionner, se développer ou se sauver. En gros, le club dit : j’ai besoin de cash pour avancer, est-ce que vous êtes prêts à investir ? Et en échange, il offre une part du gâteau, c’est-à-dire des actions ou plus d’influence dans les décisions. Ce nouvel argent peut venir des propriétaires actuels ou de nouveaux venus qui croient au projet.
Ainsi, imaginons une PME (petite et moyenne entreprise) en difficulté ou souhaitant investir pour se développer : ses propriétaires peuvent ajouter du capital pour financer des projets ou éponger des dettes.
Dans le cas de l’ASSE, cela permet de renforcer la solidité financière, d’avoir plus de moyens pour faire face aux échéances à venir (notamment lors des passages de la DNCG), et surtout, de mieux planifier un avenir financier durable.
Ce signal de confiance et d’engagement de la part de KSV montre bien plus qu’un simple geste comptable, pouvant alors tout changer dans la gestion quotidienne d’un club. Kilmer Sport fait donc preuve d’une volonté de stabilisation et de relance, à condition que cet investissement soit bien utilisé.
Un modèle dépassé, un club relégué… et une relance qui passe par le portefeuille
Lors des derniers passages de l’ASSE devant la DNCG, il semblait également s’ajouter une situation financière fragile. Avec une masse salariale élevée, des revenus en baisse et peu de marge de manœuvre sur le marché, l’ASSE courait un certain risque.
Dans ce contexte tendu, Kilmer Sports Ventures est arrivé, promettant modernisation, rigueur et investissement. Dès leur arrivée, les nouveaux dirigeants ont affiché leurs ambitions : redonner à l’ASSE les moyens de ses ambitions afin d’assurer sa stabilité, tout en étant structurée et tournée vers l’avenir.
Le parfait exemple est le mercato estival 2024-2025, avec un montant total de 23M d’euros, mais qui pourrait se voir dépasser par l’actuel (2025-2026), suite à la descente en L2.
Ainsi, l’augmentation de capital actée début 2025 s’inscrit dans cette logique d’objectifs à moyen/long terme. Il ne s’agit pas seulement de combler des faiblesses financières, mais bien d’insuffler des moyens neufs pour bâtir un projet viable à moyen terme. Il ne s’agit pas d’un geste isolé mais bien d’un levier financier clé, pour reconstruire sur de bases saines et durables.
Par ailleurs, l’ASSE n’a pas seulement chuté sur le terrain : certaines limites du modèle économique dépassé, hérité de l’ancienne direction, n’ont pu qu’être exposées. Peu digitalisé, très centré sur le local, le club était en décalage avec les standards modernes.
Ainsi, Kilmer Sports Ventures s’est retrouvé face à un défi double : redresser les comptes et réconcilier ambition sportive et rigueur économique. Cette décision phare d’une augmentation de capital vient répondre à ce besoin urgent de liquidités, mais elle sert aussi de marqueur stratégique : KSV s’engage à investir, mais également à professionnaliser les structures.
Encore faut-il que ces promesses se traduisent concrètement, autant sur qu’en dehors du terrain.
Formation, infrastructures, staff… Voici où iront les millions injectés à l’ASSE
Finalement, l’augmentation de capital ne se limite pas à stabiliser le présent : elle peut également ouvrir des perspectives nouvelles. Les fonds levés grâce à cette décision pourraient être orientés vers plusieurs axes stratégiques :
– Réinvestir dans le centre de formation.
– Moderniser certaines infrastructures.
– Réduire la dette historique → assurer une capacité d’investissement viable.
– Développement de la cellule performance,
– Amélioration du staff
– Montée en puissance du scouting
Ainsi, les possibilités sont nombreuses. Mais, ce choix stratégique comporte aussi des enjeux : en donnant plus de poids à Kilmer dans le capital du club, l’ASSE devient encore plus dépendante d’un actionnaire unique.
Si les résultats ne suivent pas, ou si la stratégie venait à changer, cette centralisation pourrait devenir un risque. Du côté des supporters comme du staff, les attentes sont claires : que cet argent serve le projet sportif, à court terme pour viser la remontée, et à plus long terme, pour redonner au club une place durable dans l’élite.
En effet, la remontée ne se jouera pas seulement sur le terrain, elle se prépare aussi dans les bureaux, sous les rênes de la direction. KSV devra donc garder le cap d’une gestion responsable, en misant autant sur la formation que sur l’attractivité du projet.
La réussite passe aussi par un lien fort avec le Peuple Vert, qui attend donc des signes de cohérence et de vision.
CONCLUSION
Pour conclure, cette décision validée par KSV marque ainsi un tournant stratégique majeur pour l’ASSE. À court terme, elle offre donc au club une stabilité financière indispensable, notamment après plusieurs saisons marquées par une situation complexe.
Elle permettra de sécuriser certains choix sportifs et de poser des bases sur le fonctionnement plus moderne de la nouvelle direction. Mais au-delà de la gestion immédiate, c’est bien l’avenir du club qui se joue ici. Parce que cette opération s’inscrit dans une vision à moyen et long terme : celle de ramener l’ASSE à la hauteur de son histoire.
Kilmer envoie donc un message fort : la reconstruction est en marche, et elle s’inscrit dans un projet ambitieux, entre exigence de résultats et modernisation. Encore faudra-t-il transformer cette force économique en cohérence sportive, sans renier les valeurs qui font l’identité du Peuple Vert.
C’est un pari ambitieux, mais peut-être le premier vrai socle d’un renouveau durable. Car le retour au sommet ne se décrète pas : il se construit…
Thiméo Martin
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