Mardi dernier a vu la publication des états financiers de l'ASSE pour la saison 2023-2024 par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).

La direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), établie en 1984, est une instance autonome placée sous la tutelle de la Ligue de football professionnel. Sa mission principale consiste à surveiller les aspects financiers des clubs de football professionnels en France afin d’assurer la stabilité économique et l’équité des compétitions sportives. Chaque année voit la publication des bilans financiers des clubs par la DNCG.  
En cas de problèmes financiers ou d'anomalies survenant dans un club de football en France, la DNCG est autorisée à imposer des sanctions telles que des interdictions de recrutement, des rétrogradations administratives ou même l'exclusion des compétitions sportives. Ce faisant, elle vise à assurer une gestion transparente et pérenne.
Mardi dernier a vu la publication des états financiers des clubs de football français pour la saison 2023-2024 par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG). Parmi ces résultats se trouve celui de l'équipe de l’AS Saint-Étienne ; nous vous détaillons les résultats pour interpréter le bilan et en tirer des conclusions.

Une situation financière tendue en L2

Tout d’abord, il est important de notifier que le club a opté pour une stratégie financière audacieuse, qui s’est finalement avérée bénéfique pour l’avenir du club.                                                                
En effet, la situation financière, lors de l’exercice 2022-2023, semblait positive avec des produits (revenus) supérieurs aux charges, faisant donc apparaitre un bénéfice net (après déduction de l’IS) de 151 K€.
Différents facteurs permettent d’assurer ce résultat puisque les transferts représentent, à eux seuls, 61,8 % des revenus. Les droits TV et les sponsors ont permis également d’y contribuer.
Cependant, cette situation est plus contrastée, du côté du bilan, notamment par le bilan cumulé (actifs et passifs) où l’on peut remarquer une situation à risque. Ainsi, les dettes atteignent 40,3 M€, tandis que la trésorerie peine à atteindre les 20 M€.
 
Ensuite, lors du deuxième exercice (saison 2023-2024), l’équilibre financier s’est affaibli, dû principalement à un résultat net déficitaire, à la suite d’une hausse des charges (+4 M€ pour « Autres charges ») et à un effondrement des ventes de joueurs (-17,89 M€), qui entraine alors une baisse conjointe des produits (M€, soit -
6,5 %).                                          
Heureusement, l’augmentation des autres produits a permis, de manière partielle, de compenser cette perte, notamment grâce à l’engouement de fin de saison, où les recettes de matchs ont fait un bond de 2,17 M€ ainsi que les autres produits (+9,99 M€).                    

De plus, un apport mystérieux de 7,1 M€ en résultat exceptionnel a permis à l’ASSE d’éviter un déficit considérable, qui se serait situé très loin d’une perte de 1,68 M€.
Finalement, on observe donc que l’équilibre financier de l’ASSE s’est montré plus critique lors de la saison dernière, avec un résultat financier net en forte baisse, passant d’un bénéfice de 151 K€ lors de 2022-2023 à une perte de 1,68 M€ en 2023-
2024.      
Ainsi, cela représente donc une perte nette de 1,83 M€ en un an, causée principalement par une hausse des charges (+5,378 M€) et une baisse des produits (-3,5 M€).

Compte de résultat de l'AS Saint-Etienne. 

Quels défis à l’avenir pour l’ASSE ?

Par conséquent, de nombreuses anomalies et points d'amélioration sont à souligner :
les comptes stéphanois ont ainsi montré une forte dépendance aux ventes de joueurs, qui représentaient 61,8 % des revenus en 2022-2023, mais seulement 30 % en 2023-2024, faisant donc chuter les produits du club et contribuant partiellement à la perte.

Une des solutions serait de diversifier les revenus en capitalisant davantage sur les droits TV, le sponsoring et la billetterie, pouvant alors compenser un possible manque afin d’équilibrer positivement les comptes et d’en faire ressortir un bénéfice.

Par ailleurs, une baisse significative de la trésorerie est également un des facteurs ayant causé ce résultat négatif. En effet, cela représente une perte de 13 M€ en une saison.            

Seule solution ? Savoir trouver des investisseurs, optimiser la gestion des coûts et mieux structurer le système d'achat/revente des joueurs, lors du mercato. Les hausses des salaires et autres charges sans augmentation directe des résultats sont une part importante de l’augmentation des charges globales, qui jouent aussi sur le résultat net.

Il faut donc contrôler la masse salariale et tenter d’amoindrir les dépenses inutiles pouvant nuire au bon fonctionnement financier du club.
Quant au bilan, l’augmentation des dettes peut entrainer des tensions financières, dans l’hypothèse où le passif augmente plus vite que l’actif, un risque à moyen terme.
Il faut donc négocier un rééchelonnement des dettes avec les partenaires et anticiper les échéances afin de ne pas se retrouver en situation critique.

Conclusion

Pour conclure, lors de ses deux années passées en Ligue 2, l’ASSE a connu un retournement de sa situation financière entre 2022-2023 et 2023-2024, qui s’est avéré déficitaire. La principale cause expliquant ce résultat est la chute des revenus issus des transferts, combinée à une hausse des dépenses et une baisse de la trésorerie.                             
 
Pour redresser la barre, le club devra donc :                                                                                 
– Stabiliser ses revenus en renforçant ses recettes hors mercato (droits TV, billetterie, sponsoring).

– Réduire ses charges, notamment en contrôlant les salaires et les dépenses diverses.

– Mieux gérer sa trésorerie pour éviter des difficultés financières plus graves à l’avenir. 

Dès cet été et le rachat par KSV, la situation semble s’être améliorée avec un mercato estival de 23,10 M€. Ainsi, leur arrivée dans le capital stéphanois suffira-t-elle à assurer une situation comptable équilibrée durant les années à venir?

On se retrouvera donc l’an prochain pour la première analyse financière sous l’ère KSV.

Thiméo Martin