ASSE : « L’ASSE a déjà connu pire. Ce club a une âme. Mais pour rebondir, il faut faire le ménage, repartir sur du clair. »

Publié le 21 mai 2025 à 20:28

Bernard Lions, journaliste à L'ÉQUIPE. / Crédit : If-saint-etienne


une relégation historique en Ligue 2 après une saison cauchemardesque

À peine un an après avoir regagné  sa place parmi l'élite du football français, l’AS Saint-Étienne subi une chute historique en étant relégué en Ligue 2 ; c'est la descente la plus rapide de son histoire. Dans une évaluation globale récente, Bernard Lions, journaliste à L’Équipe, analyse une saison véritablement cauchemardesque. Il souligne que ni les aspects sportifs ni structurels n'ont fonctionné comme ils le devraient. Le stade Geoffroy-Guichard désormais plongé dans une atmosphère morose, reflétant la détresse d'un groupe en difficulté aussi bien mentalement que physiquement. Un démarrage de match difficile combiné à une gestion d'équipe inappropriée et des erreurs dans le recrutement ont conduit à la déchéance rapide de l'équipe.

Dans le podcast Dessous de Verts, le journaliste évoque le choix de miser sur un projet à long terme, axé sur la possession et le développement des jeunes joueurs. Un pari qui s’est rapidement heurté à une réalité brutale : l’effectif manquait à la fois d’expérience et de bases défensives solides pour tenir le cap.

UNE DESCENTE ANNONCÉE SELON BERNARD LION

Au début de la saison sportive déjà entamée depuis quelques semaines à peine, Bernard Lion, journaliste pour L’Équipe, avait remarqué les prémices d'un possible échec collectif :  « Dès l’automne, on sentait une forme de résignation dans le stade. Les joueurs ne vibraient plus, et le public n'y croyait plusC’est une relégation qui n’a rien d’un accident. Elle est le résultat d’une série d’erreurs profondes, à tous les niveaux. » 

L'atmosphère sombre à Geoffroy-Guichard s'est reflétée sur le terrain par un effondrement mental et physique. « Combien de fois cette saison l'équipe a été mené au bout de dix minutes ?  Il n’y avait ni agressivité, ni réaction. »

Selon lui, la responsabilité est commune, mais son évaluation est franche.  : « Le projet était séduisant sur le papier, mais irréaliste dans l’exécution. On a voulu jouer la possession avec des joueurs qui n’étaient pas faits pour ça. »

Bernard Lion pointe du doigt le recrutement : « Le mercato d’été a été catastrophique. La plupart des recrues n’avaient pas le niveau Ligue 1. »

En plus de cela, le journaliste estime que la gouvernance ne s'est pas adaptée à la situation en France : « Kilmer est arrivé avec une vision nord-américaine du football. Ils ont sous-estimé la Ligue 1, ils ont improvisé. »

L’organisation interne du club a, elle aussi, vacillé : « Il y a eu une dissociation des pouvoirs, des décisions prises à distance, personne n’a assumé le cap. »

Bernard Lions estime que la situation ne s'est pas arrangée  quand l’équipe a été confiée à Eirik Horneland, : « Horneland est resté accroché à son idée de jeu, alors que l’équipe sombrait. Il n’a jamais su s’adapter. »

Le mercato hivernal n’a pas arrangé la situation non plus : « Il fallait réagir fort en janvier. On a bricolé, on a empilé sans corriger les vrais problèmes. »

Si quelques joueurs ont su tirer leur épingle du jeu et progresser, comme Léo Pétrot, cela reste insuffisant : « Pour ma part, j'en ai vu un, Léo Pétrot, c'est un joueur de Ligue 2 et ce n'est pas du tout péjoratif que je dise ça, Olivier Dall’Oglio est arrivé à en faire un joueur capable de jouer en Ligue 1. Alors, avec ses qualités et ses défauts, oui, je l'ai vu progresser. Léo Pétrot a montré de belles choses, mais il est compliqué d’émerger dans un tel marasme. »

Enfin, la fracture avec le public est devenue flagrante. « Voir Loïc Perrin pris pour cible par une banderole, alors qu’il incarne l’histoire du club… c’est un signal d’alerte. »

Bernard Lion conclut avec une note d’espoir teintée de réalisme : « L’ASSE a déjà connu pire. » Ce club a une âme. Mais pour rebondir, il faut faire le ménage, repartir sur du clair. »


Pier Paolo Walack 

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