ASSE : « La direction en attend entre 15 et 17 millions d’euros. » 

Publié le 9 juin 2025 à 20:32

Ivan Gazidis, président exécutif de l'AS Saint-Étienne. 


C’était le rendez-vous du lundi soir que de nombreux supporters stéphanois attendaient. TRIBUNE VERTE recevait Mohamed Toubache-Ter, figure bien connue du réseau X, pour un Space exceptionnel entièrement consacré à l’AS Saint-Étienne. Pendant près d’une heure, l’invité n’a pas seulement dressé un bilan sans filtre de la saison écoulée, il a aussi livré une série d’informations inédites, parfois dérangeantes, jamais anodines. Un échange riche, rythmé, qui a captivé les suiveurs des Verts en quête de clarté et de coulisses.

Mohamed TOUBACHE-TER dénonce l’inertie et les choix douteux

« Ils ont eu six mois pour repartir d’une feuille blanche… et ils ne l’ont pas fait », lâche-t-il d’entrée, amer.

Alors que les Verts semblaient s’être donné les moyens d’un véritable reboot après plusieurs saisons chaotiques, Mohammed pointe une inertie persistante dans la construction sportive.
« Ils ont mis trop de temps à traiter des dossiers essentiels. Aujourd’hui, c’est acté, mais ce retard a un coût. C’est du temps perdu.»

Conscient malgré tout de l’ampleur du chantier, il nuance son propos :
« J’ai confiance dans les nouveaux dirigeants. Oui, ils commettent des erreurs, mais ils apprennent. Et surtout, ils doivent arrêter de les reproduire. »

Il n’en reste pas moins critique sur plusieurs décisions, notamment en matière de recrutement :
« Comment peut-on investir autant sur Mladenovic ? C’est une vraie question. Ben Old ? Franchement, il y avait mieux à faire. »

Mohammed déplore un emballement général du club sur le marché des transferts.
« Ils surpaient des joueurs. Et ça, c’est problématique sur le long terme. »

Bernauer à l’ASSE : un prêt qui dérange ? Toubachter dévoile Des tensions internes

Parmi les révélations les plus sensibles, Mohammed Toubachter revient sur un nom qui divise en interne : Maxime Bernauer.
Recruté cet hiver sous la forme d’un prêt, avec une option d’achat fixée à 1,5 million d’euros, le défenseur ne ferait pas l’unanimité dans le vestiaire stéphanois.

« C’est un joueur qui s’est imposé très rapidement dans le groupe… mais ça n’a pas plu à tout le monde, notamment aux cadres et aux anciens du club », glisse Toubachter.

L’épisode du derby contre Lyon, ainsi que d'autres rencontres, a été cité à plusieurs reprises dans la discussion.Selon lui, le comportement de Bernauer sur le terrain aurait dérangé :
« Il s’est permis de donner des consignes tactiques à des joueurs présents depuis bien plus longtemps. Ce n’est pas bien passé. Il y a un certain code à respecter, surtout quand tu viens d’arriver. »

Une communication jugée trop directe, voire déplacée, qui révèle selon Toubachter un dysfonctionnement plus global dans le fonctionnement du club. Un nouveau signal d’alerte pour une direction qui cherche encore son équilibre entre ambition sportive et gestion humaine.

Perrin mis de côté, Gazidis contrôle tout à l’ASSE

L’été s’annonce bouillant du côté de l’AS Saint-Étienne, et Mohammed Toubachter ne fait pas dans la langue de bois :
« Le mercato va être agité. »

Plusieurs joueurs auraient déjà manifesté leur envie de quitter le club. C’est notamment le cas de Lucas Stassin, pour qui les Verts avaient misé énormément l’été dernier. « C’est un dossier très particulier. La direction en attend entre 15 et 17 millions d’euros » affirme Toubachter. L'invité ajoutera que Steve Mounié pourrait arriver sous la forme d'un prêt pour remplacer l'attaquant belge. 

Autres candidats au départ : Zuriko Davitashvili, mais aussi Dylan Batubinsika et Mickaël Nadé, désireux de tenter une nouvelle aventure. Dans le sens des arrivées, le dossier Mahmoud Jaber revient avec insistance, même si Mohammed ne livre pas de nouveaux éléments sur ce sujet. En revanche, il confirme l’intérêt appuyé du club pour Robin Risser, gardien international espoirs français. « Il y a beaucoup de clubs sur le coup. Ça pourrait être compliqué pour l’ASSE. »

Autre information marquante : le rôle de Loïc Perrin va évoluer : 
« Il aura moins de responsabilités dans la gestion globale du club. Il va se recentrer sur un rôle de coordinateur sportif, sans aucune influence sur le mercato. »
Un repositionnement stratégique, alors que le véritable homme fort du club n’est autre qu’Ivan Gazidis. « C’est lui qui fait tout. Il appelle les joueurs, il échange avec les agents. À mes yeux, Gazidis est un très bon directeur », insiste Toubachter.

Enfin, le club est sur le point de prolonger son gardien numéro un, Gautier Larsonneur. Une priorité pour la direction, qui verrait en lui un pilier du vestiaire, jusqu’à le consulter sur certaines recrues potentielles à attirer dans le Forez.

« La DNCG ? Une formalité cette année » selon Mohammed Toubachter

Sur le plan financier, Mohammed Toubachter affiche un discours à contre-courant de l’inquiétude ambiante. À l’approche du passage devant la DNCG, il se montre serein :
« Pour une fois, l’ASSE passera comme une lettre à la poste. Ils ont de quoi frapper un grand coup en Ligue 2. »

Avec un budget jugé solide, capable d’attirer des profils aux salaires conséquents, les Verts entendent reprendre une longueur d’avance sur le plan sportif, tout en gardant en tête un autre scénario plus ambitieux…

« Il n’est pas exclu qu’ils préparent aussi un budget en mode Ligue 1, même si le club évolue encore en L2. Ils ont cette double approche. »
Une stratégie de projection, révélatrice des ambitions du projet porté par Ivan Gazidis et la nouvelle direction.

En filigrane, Mohammed Toubachter pointe également les écarts de traitement entre clubs dans l’analyse de leurs situations financières.
« On m’a dit, de source très bien placée : "On ne peut pas faire une Ligue 1 sans l’Olympique lyonnais." »

Un sous-entendu transparent, qui évoque la mansuétude supposée des instances envers le voisin rhodanien, pourtant encore sous surveillance en raison de ses fragilités économiques. Enfin, Toubachter conclut avec un clin d’œil teinté d’ironie sur la situation d’autres clubs :
« Les plus menacés ? je vais vous les dires, Angers et Le Havre. Par contre, Reims… on ne touche pas à Jean-Pierre Caillot ! »

l’ASSE face à un été stratégique

L’ASSE s’apprête à vivre un été stratégique. Entre un vestiaire à reconstruire, une direction sportive en réorganisation, et un budget à la hausse, toutes les composantes du club devront être alignées pour éviter une nouvelle saison sans montée.

Pour Mohammed Toubachter, l’heure est à la lucidité : « Les erreurs ont été commises, maintenant il faut construire intelligemment. On n’a pas le droit à un deuxième rendez-vous manqué. » Un message clair, destiné aux décideurs… mais aussi aux supporters, plus mobilisés que jamais.


Pier Paolo Walack 

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