ASSE : Eirik Horneland face au défi médiatique stéphanois

Publié le 20 juin 2025 à 14:06

Eirik Horneland  coach de l'AS Saint-Etienne / Crédit : Le Progrès 


Arrivé en cours de saison pour redresser une équipe en difficulté, il a su se distinguer dès le départ, notamment lors des conférences de presse après le match de l'AS Saint-Étienne contre le stade de Reims et celle d’avant-match de la rencontre contre le Paris Saint-Germain.
Eirik Horneland s’est rapidement imposé comme un technicien à la fois rigoureux et affichait déjà une ambition claire : sauver l’ASSE de la relégation. Mais malgré des progrès dans le jeu, le club est finalement tombé en Ligue 2.
Si ses choix tactiques ont été globalement salués, c’est surtout sa communication, très directe, parfois abrupte, qui a divisé les supporters…
Dans une ère où chaque mot est scruté, la communication devient alors un levier stratégique, où le ressenti était partagé entre tensions et pression populaire, deux points sur lesquels l’entraîneur norvégien n’a pas laissé indifférent.

Une parole franche et ambitieuse au service d’un projet

Dès les premières semaines, il déclarait au micro de France 3 vouloir "être un bon exemple pour les joueurs/club/supporters" et adhérait à l'attrait de la ville "ville ouvrière avec de grandes valeurs, comme la solidarité" tout en félicitant les supporters.

Sa première prise de parole prenait alors sens : "C'est un réel honneur de rejoindre un grand club comme l'AS Saint-Étienne, pas seulement pour son histoire et son palmarès, mais surtout pour le rôle qu'il joue dans toute une ville et la ferveur qu'il génère. J'ai hâte de découvrir le Chaudron et de me mettre au travail avec les joueurs, le staff et toutes les composantes du club."

Par ailleurs, la nouvelle direction saluait également son arrivée avec fierté et confiance :
« Nous sommes heureux de voir Eirik Horneland rejoindre le projet. C’est une étape importante. Eirik est un entraîneur de grand talent, reconnu et apprécié, qui nous apportera beaucoup pour construire une culture de la performance et un style de jeu affirmé. Eirik est la personne qu’il nous faut, qui va jouer un rôle clé pour ce club.

Ainsi, lors de sa présentation aux médias, il n'a pas manqué d'exigence et d'ambition en évoquant : "Tout d’abord, je veux de la discipline. Il nous faut un style de jeu avec des schémas offensifs, mais également une bonne organisation défensive. On doit être très actifs sur le terrain. On doit tirer le meilleur de chaque joueur. Je veux surtout une équipe qui met de l’intensité. Ainsi, c’est selon moi ce qui correspond le plus à ce club, à ce stade et à ces supporters. On veut une identité claire (...)".
 
Il s’est affirmé au sein de l’effectif stéphanois, notamment sur le plan médiatique, en déclarant le 4 janvier, auprès des médias et des journalistes :
« J’ai aimé voir cette équipe évoluer de cette façon, voir certains joueurs s’exprimer ainsi avec un vrai esprit collectif. »  

Réaliser ce type de match après avoir perdu les quatre précédents et avoir été menés à la pause… ça a demandé du mental aux joueurs. C’est une très belle performance. Cependant, il n’hésite pas à exposer les points faibles pour les corriger au plus vite :
« Il faut maintenant que l’on soit capables d’avoir des possessions de balle plus longues et de se créer des occasions en partant de plus loin. »                                                              
Selon lui, il est donc essentiel « d’avoir une identité de jeu, c’est très important. » 

Par ailleurs, il aborde également le « besoin de constance sur 90 minutes », qui doit s’appliquer, que ce soit contre Reims ou face à des cadors tels que le PSG, par exemple. Lors de la conférence de presse après PSG – ASSE, P. Ekwah n’a pas hésité à déclarer aux journalistes :
« La voix du coach porte sur le terrain.  Il met beaucoup d’intensité dans ses paroles, dans ses mouvements. On est obligés de retranscrire ça sur la pelouse. »

Une parole tranchante et clivante : entre responsabilités et limites ?

Depuis son arrivée, Horneland s’est notamment distingué par une communication franche, directe, une posture qui tranche avec celle de ses prédécesseurs, souvent plus mesurés dans leurs propos.

À plusieurs reprises, ses interventions ont surpris, voire déconcerté, autant en conférence de presse qu'en zone mixte.

Finalement, lors de la descente en Ligue 2, le coach norvégien n’a pas esquivé ses responsabilités, assumant publiquement ses erreurs au nom du club.

Ce discours sans concession, à l’image d’un homme fidèle à ses convictions, a sans doute consolidé sa position auprès d’une partie du vestiaire et du public, tout en divisant également les critiques les plus exigeantes du Peuple Vert.

Selon nos confrères du journal norvégien Bergensavisen, propos retranscrits par Nordisk, Eirik Horneland déclarait :

"La relégation est un échec pour un club comme Saint-Étienne. C'est dur. L'objectif est de jouer en Europe, mais nous nous retrouvons en Ligue 2… Mon rôle est de redonner vie à ce club, aux joueurs, aux supporters, voire à toute la ville. Les supporters ont besoin de voir une équipe brillante, avec une grande intensité, une équipe qui a une longueur d’avance dans le jeu, une équipe à laquelle ils peuvent s'identifier."

Bilan et héritage médiatique : quels enjeux après la descente ?

Alors que la descente en Ligue 2 marque un nouveau coup dur pour l’ASSE, le rôle d’Eirik Horneland dans la communication de crise reste sujet à débat, notamment sur les objectifs et résultats sportifs, à la suite de l'échec d'inverser la dynamique.
En effet, sa posture a pu attirer une partie du public, en quête de clarté après des années de discours convenus.
Si certains saluent une posture de vérité, assumant sa part de responsabilité dans la descente, d’autres y voient une maladresse supplémentaire dans la gestion de la fin de saison.

Le Norvégien n’a jamais fui les micros, préférant la parole directe aux discours feutrés. Une stratégie qui, au-delà des résultats, dessine en creux les limites d’un projet encore fragile, parfois en décalage avec les attentes du Peuple vert.
En confessant ses erreurs après la descente, Horneland a laissé l’image d’un homme lucide, à défaut d’avoir été pleinement compris.

À l’heure des bilans, son passage laissera une certaine image, mais dont l’héritage médiatique reste contrasté, sincère, mais inabouti. Son arrivée en tant qu'entraîneur venu pour redresser ce club historique, mais finalement associé malgré lui à une nouvelle chute.

Eirik Horneland n’aura jamais fui ses responsabilités. Dans une saison marquée par l’instabilité et la pression populaire, il a su maintenir une ligne claire. Son style direct a parfois clivé, entre sincérité saluée et maladresses regrettées, pour, à défaut de mobiliser pleinement, incarner un certain sens de l’engagement. Pourtant, la parole seule ne suffit pas quand les résultats ne suivent pas. Alors que l’ASSE se projette déjà vers un nouveau cycle, l’héritage de Horneland se mesure aussi dans sa capacité à avoir posé des mots sur une crise que beaucoup avaient cessé de nommer. Le maintien n’est pas venu, mais l’honnêteté du coach norvégien restera et permettra de rappeler également que, dans la tourmente, les mots comptent presque autant que les points. Reste à savoir si, après la chute, Horneland saura guider les Verts vers un renouveau. Il pourrait devenir l’artisan du rebond dans un championnat où l’ASSE n’aura pas le droit à l’erreur.


Thiméo Martin

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