Football : faut-il repenser un système qui oublie l’humain ?

Publié le 6 juillet 2025 à 13:06

Allan Saint-Maximin avec Christophe Galtier. / Crédit : Poteaux Carrés


Dérives dans les centres de formation : Allan Saint-Maximin brise le silence sur un système toxique

À l’âge où beaucoup devraient encore penser à l’école, certains jeunes footballeurs subissent déjà les logiques impitoyables de l’industrie du ballon rond. Entre les espoirs d’une carrière professionnelle, la tentation des premiers contrats, et l’ombre des agents, de nombreux adolescents issus des centres de formation français vivent sous une pression constante.

Le témoignage livré cette semaine par Allan Saint-Maximin dans l’émission Zack en roue libre a eu l’effet d’une onde de choc. Derrière le calme apparent de ses mots, l’ancien joueur de l’ASSE a mis en lumière un système opaque, souvent toléré voire encouragé, dans lequel des mineurs peuvent se retrouver pris en étau entre promesse sportive et enjeux économiques.

Allan Saint-Maximin : « À 16 ans, on m’a dit clairement : si tu ne signes pas avec tel agent, tu ne joueras pas. Mot pour mot. J’étais seul, loin de chez moi. À cet âge-là, c’est très dur. »

Allan Saint-Maximin raconte sa mise à l’écart et les coulisses troubles du centre de formation

Arrivé au centre de formation de l’AS Saint-Étienne en 2011, Allan Saint-Maximin raconte une ascension freinée dès ses débuts par une image injuste. « On me voyait comme un gamin à problème, un mauvais garçon. Pourtant, je n’ai jamais été irrespectueux », explique-t-il. Envoyé avec les plus jeunes, écarté du groupe, il découvre très tôt les coulisses du foot pro : celles que l’on ne voit pas à la télévision.

Allan Saint-Maximin : « Ce qui m’a profondément dégoûté dans le foot, ce sont les choses qui se passent en dehors du terrain : les conflits d’intérêts, les histoires d’argent, les agents… »

Son refus de signer avec un agent imposé aurait entraîné son marginalisation progressive, malgré ses performances. « On voulait décider de tout à ma place, prendre tout l’argent de mon transfert, sans que j’aie mon mot à dire », confia-t-il encore.

ces joueurs pros qui dénoncent les pressions des agents

Le phénomène de l’influence précoce exercée sur les jeunes footballeurs ne se limite pas à quelques témoignages isolés. Si certains joueurs, comme Allan Saint-Maximin ou Moussa Dembélé, ont eu le courage de lever le voile sur ces pratiques dès leur adolescence, ils ne sont que la partie visible d’un système bien plus vaste. Des voix comme celle de Yassine Benrahou, qui dénonçait sur ses réseaux sociaux l’approche agressive de certains agents auprès de jeunes joueurs dès 13 ou 14 ans, illustrent une réalité que beaucoup connaissent sans vraiment l’aborder publiquement. Car si ce sujet est bel et bien identifié en interne dans les clubs professionnels, il reste souvent traité sous silence  par prudence, par peur de ternir l’image de grandes institutions, ou pour ne pas rompre un équilibre fragile avec certains réseaux d’influence intégrés aux effectifs.

Quand le rêve devient pression : l’autre réalité des centres de formation

Le football français reste un vivier de talents reconnu, mais cette dynamique s’inscrit dans un cadre exigeant, parfois difficile à appréhender pour les plus jeunes. Si certaines trajectoires aboutissent à une carrière professionnelle, de nombreux aspirants voient leur parcours s’interrompre prématurément, confrontés à une pression constante et à des enjeux qui dépassent le seul aspect sportif. Parmi ces enjeux, le choix d’un agent dès le plus jeune âge, souvent sans accompagnement indépendant ou structuré, peut engendrer des déséquilibres durables. Des témoignages récents, comme celui d’Allan Saint-Maximin, soulignent la nécessité d’un cadre plus clair et protecteur autour des démarches des intermédiaires, en particulier auprès des mineurs. Ce sujet, complexe et de long terme, pose la question de l’équilibre entre performance, encadrement éthique et respect du développement personnel des jeunes joueurs.


Pier Paolo Walack 

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